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« Restaurons Notre-Dame » appelle à la réintégration des vitraux de Viollet-le-Duc et s’oppose au projet d'installation de vitraux contemporains

Photo du rédacteur: Restaurons Notre-Dame Restaurons Notre-Dame

Dernière mise à jour : 30 janv.

Paris, 23 janvier 2025 - La question des futurs vitraux contemporains de Notre-Dame de Paris suscite une vive controverse, tant parmi les experts du patrimoine que parmi les défenseurs d'une restauration fidèle aux principes historiques. Restaurons Notre-Dame (rND), fidèle à sa mission de protection et de valorisation du patrimoine architectural de la cathédrale, exprime son profond désaccord quant à l'installation de vitraux contemporains en remplacement de ceux conçus par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc.


Les vitraux comtemporains de la cathédrale Saint-Cyr et Sainte-Julitte de Nevers

"Cet exemple démontre que l'introduction de vitraux contemporains dans des cathédrales historiques a souvent été motivée par des circonstances particulières, telles que la destruction des vitraux d'origine (par exemple à Nevers) ou la présence de verrières sans valeur patrimoniale notable, ce qui n'est absolument pas le cas des vitraux de Viollet-Le-Duc à la cathédrale Notre-Dame de Paris"

(Restaurons Notre-Dame)


Situation actuelle et emplacement des vitraux concernés à Notre-Dame de Paris

Les vitraux concernés se situent dans les chapelles situées dans les bas-côtés de la nef et du chœur de la cathédrale [1]. Ces vitraux, datant du XIXe siècle, ont été conçus par Viollet-le-Duc dans le cadre de sa grande restauration de la cathédrale après les dégradations subies lors de la Révolution française. Après l'incendie de 2019, ces vitraux ont été soigneusement démontés, restaurés et entreposés en vue de leur réinstallation.


Pourtant, malgré ces précautions, un projet de remplacement par des vitraux contemporains a été porté par l'État français et validé par l'archevêché de Paris. Ce projet suscite de vives réactions de la part de nombreux acteurs du patrimoine et de la société civile, qui dénoncent une rupture avec les principes fondamentaux de la restauration monumentale.


[1] Voir ici les vitraux de Viollet-Le-Duc : Alfred Gérente (1821-1868) sous la direction d’Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1869) Vitrail de la chapelle Saint-Pierre, 1865, menacé par le projet

Paris, cathédrale Notre-Dame - Photo : La Tribune de l’Art


État d'avancement du projet et cadre juridique

À ce jour, le projet de remplacement de certains vitraux de la cathédrale Notre-Dame de Paris par des créations contemporaines a connu des développements significatifs. Malgré l'avis défavorable unanime émis par la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture (CNPA) en juillet 2024, le ministère de la Culture a poursuivi le projet. Un concours a été organisé, aboutissant à la sélection de l'artiste Claire Tabouret pour la conception des nouveaux vitraux. Son approche figurative vise à insuffler une dimension moderne à l'édifice tout en respectant son histoire.


Cette décision continue de susciter des débats entre les partisans de l'innovation artistique et les défenseurs de la préservation du patrimoine. Les vitraux actuels, conçus par Eugène Viollet-le-Duc au XIXᵉ siècle, sont classés au titre des monuments historiques, ce qui implique des obligations légales de conservation. Le cadre juridique impose que toute modification de ces éléments soit soumise à une autorisation préalable des instances compétentes. L'avis de la CNPA, bien que consultatif, joue un rôle crucial dans le processus décisionnel. La poursuite du projet malgré cet avis défavorable soulève des questions sur l'équilibre entre innovation artistique et préservation du patrimoine, et pourrait potentiellement entraîner des recours juridiques de la part d'associations de défense du patrimoine.


Le désaccord de Restaurons Notre-Dame

L'association Restaurons Notre-Dame (rND) s'oppose fermement à ce projet pour plusieurs raisons essentielles :


  • Respect de la Charte de Venise : Ce document de référence en matière de conservation du patrimoine stipule que toute restauration doit respecter l'authenticité historique du monument. Remplacer des vitraux historiques par des créations contemporaines va à l'encontre de ce principe fondamental.


  • Obligation de remontage : Les vitraux de Viollet-le-Duc ont été soigneusement démontés et restaurés dans le but explicite de les réinstaller. Ne pas les remettre en place serait une rupture avec l'engagement initial de conservation du patrimoine.


  • Respect du patrimoine : Notre-Dame est un édifice chargé d'histoire, dont l'identité repose sur une cohérence stylistique et spirituelle. L'introduction de vitraux contemporains romprait avec l'harmonie voulue par Viollet-le-Duc et dénaturerait l'ensemble.


  • Enjeux juridiques : En vertu des lois sur la protection des monuments historiques, toute intervention sur des éléments classés doit respecter des procédures strictes. Remplacer ces vitraux exposerait le projet à des recours juridiques. + affectation des dons ?


  • Cohérence historique : La restauration de Notre-Dame a été placée sous le signe d'une restitution à l'identique de la cathédrale dans son état antérieur à l'incendie. Introduire des vitraux contemporains irait à l'encontre de cet engagement.


Exemples de vitraux contemporains ailleurs en France

Dans le cadre de la réflexion sur l'intégration de vitraux contemporains à Notre-Dame de Paris, il est pertinent d'examiner des exemples où de telles initiatives ont été menées dans d'autres cathédrales françaises. Ces cas illustrent comment des circonstances spécifiques ont conduit à l'adoption de vitraux modernes, tout en respectant l'histoire et l'intégrité des édifices concernés.


La cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte de Nevers : La cathédrale de Nevers a subi des dommages significatifs lors des bombardements de juillet 1944, entraînant la destruction de la quasi-totalité de ses vitraux. Après la reconstruction de la structure en pierre, un programme ambitieux a été lancé pour créer de nouvelles verrières avec la participation d'artistes contemporains. Entre 1978 et 1983, Raoul Ubac a réalisé les fenêtres du chœur roman. Par la suite, une équipe composée de Claude Viallat, François Rouan, Gottfried Honegger, Jean-Michel Alberola et Markus Lüpertz a contribué à la création des autres vitraux, aboutissant à un ensemble de 1 052 m² de verrières contemporaines.


La cathédrale Saint-Étienne de Metz : À l'occasion du huitième centenaire de la cathédrale de Metz, une commande publique a été lancée pour la création de nouvelles verrières. L'artiste coréenne Kimsooja a été sélectionnée pour concevoir des vitraux destinés aux baies du triforium du bras sud du transept. Son œuvre abstraite, utilisant des verres dichroïques, offre une expérience sensible reposant sur la couleur et les variations lumineuses au cours de la journée et des saisons. Ces vitraux ont été inaugurés en septembre 2022. Les vitraux ont remplacé une vitrerie losangée récente, dépourvue de verres colorés et de faible qualité.


Les vitraux de Marc Chagall dans la cathédrale Saint-Étienne de Metz sont également réputés comme des œuvres d’art contemporain majeures intégrées dans un édifice gothique. Créés entre 1958 et 1968, ils témoignent de l’interprétation moderne des thèmes religieux par Chagall, avec ses couleurs éclatantes et son style onirique mêlant influences bibliques et symbolisme personnel.


Les vitraux de Marc Chagall de la cathédrale de Metz

" Ces vitraux contemporains n’ont pas véritablement remplacé d’autres vitraux anciens, mais ils ont été installés dans des baies qui nécessitaient une restauration ou qui étaient vides, notamment en raison des destructions survenues pendant la Seconde Guerre mondiale."

(Restaurons Notre-Dame)


La cathédrale, qui possède l’une des plus grandes surfaces vitrées d’Europe (environ 6 500 m²), abrite un ensemble de vitraux allant du XIIIe au XXe siècle, et ceux de Chagall cohabitent avec d’autres réalisés par des maîtres verriers comme Valentin Bousch (XVIe siècle) et d’autres artistes modernes tels que Roger Bissière et Jacques Villon.


Les vitraux de Chagall, situés principalement dans le déambulatoire et dans certaines chapelles latérales, représentent des scènes de l’Ancien Testament, comme la Création, la traversée de la mer Rouge, et des figures emblématiques comme Moïse ou Abraham. Ils offrent une lecture spirituelle et artistique unique, qui enrichit le patrimoine historique de la cathédrale tout en s’inscrivant dans une continuité avec l’art du vitrail.


La cathédrale Notre-Dame de Chartres : Pour les baies de la salle capitulaire de la cathédrale de Chartres, qui disposaient de simples vitraux losangés modernes, une création de verrières contemporaines a été envisagée. En mars 2018, le projet artistique de Bang Hai Ja, calligraphe et peintre d'origine coréenne, a été retenu. Les vitraux, réalisés à l'atelier de maîtres-verriers Peters en Allemagne, abordent les thèmes de la lumière, de la vie, de l'amour et de la paix.


Ces exemples démontrent que l'introduction de vitraux contemporains dans des cathédrales historiques a souvent été motivée par des circonstances particulières, telles que la destruction des vitraux d'origine ou la présence de verrières sans valeur patrimoniale notable. Dans le cas de Notre-Dame de Paris, les vitraux conçus par Viollet-le-Duc, bien que démontés pour restauration, existent toujours et sont classés au titre des monuments historiques. Leur remplacement par des créations contemporaines ne s'inscrit donc pas dans une logique de restitution après destruction, mais plutôt dans une démarche de modernisation qui pourrait compromettre l'intégrité historique de l’édifice.


Un appel au respect du patrimoine

Restaurons Notre-Dame n'appelle à signer aucune pétition en cours ou à venir. En revanche, en vertu de ses statuts et de ses fondements, elle encourage les autorités compétentes ainsi que le grand public à se mobiliser pour défendre la réintégration des vitraux historiques de Viollet-le-Duc. Comme l'a souligné notre président d'honneur, Stéphane Bern : "On ne peut pas enlever des vitraux classés."


Aucune ingérence politique ne saurait se justifier au détriment des valeurs historiques et culturelles de ce monument emblématique.

La cathédrale Notre-Dame de Paris ne doit pas devenir un terrain d'expérimentation artistique contemporaine au détriment de son intégrité historique. Restaurons Notre-Dame invite donc toutes les parties prenantes à défendre la conservation des vitraux de Viollet-le-Duc et à respecter les principes de restauration à l'identique qui ont guidé le projet de reconstruction depuis le début.



© Restaurons Notre-Dame (rND) I 23 janvier 2025 I Commission Culture

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L'association Restaurons Notre-Dame bénéficie depuis le 5 juin 2020 de la reconnaissance d'intérêt général à caractère culturel par la Direction régionale des finances publiques de la Région Île-de-France.

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En savoir plus :


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2 Comments


sur le même principe on pouvait détruire notre dame pour construire une église contemporaine ... Un monnument historique est un monnument historique point ...

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L'"art" contemporain n'a rien à faire dans une cathédrale du Moyen âge ! C'est un saccage voulu par les "Francs-Maçons" ( qui nous gouvernent ) Ils ont toujours voulus détruire la religion Catholique, pour prendre sa place et son influence !...

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